Portrait de chercheur : Eric Rigolot, co-responsable du PC X-RISKS

Eric Rigolot, responsable scientifique et technique du projet ciblé X-RISKS "Analyse et gestion des risques multiples pour les socio-écosystèmes forestiers".

Eric Rigolot

Etablissement

INRAE

Unité de recherche

URFM - UR629
ECODIV (Écologie des Forêts Méditerranéennes rattachée au Département Écologie et biodiversité)

Statut 

Ingénieur de recherche

Thématique de recherche

Sciences du feu, modélisation et gestion du combustible, écologie du feu et vulnérabilité au feu des peuplements forestiers.
Approche systémique des risques multiples en forêt, gestion intégrée des risques en forêt.

Réseaux/comités scientifiques… dans lesquels vous êtes impliqué(e)

Co-pilote de l’atelier de réflexion prospective sur les risques naturels, sanitaires et environnementaux.
Animateur du réseau scientifique RisqFor “Evaluation et risques en forêt : vers une approche multi-risques”.
Membre du Copil du métaprogramme XRisques d’INRAE

Qu’est ce qui vous a amené à travailler sur la thématique des forêts ?

Curieusement, je suis rentré dans la forêt avec le feu. Le phénomène du feu me fascine, les sciences du feu me passionnent. Toute ma carrière j’ai étudié le paradoxe du feu, jusqu'à piloter un grand projet européen intitulé FIRE PARADOX ! Ce paradoxe est résumé par le proverbe finlandais “Le feu est un mauvais maitre, mais un bon serviteur !” C’est la vision ambivalente du feu, destructeur quand il est sauvage comme l’incendie, et bénéfique, quand il est domestiqué comme le feu qui cuit les aliment, ou le brûlage dirigé (prescribed burning) utilisé pour contrôler le combustible en forêt. Mes travaux ont contribué en 2001 à changer le code forestier pour autoriser la pratique du brûlage dirigé pour prévenir les incendies de forêt. Aujourd’hui, la question des feux extrêmes me mobilise mais les solutions dépassent le cadre forestier car le dérèglement climatique est une part essentielle du problème.

En tant que citoyen et/ou chercheur, quel est votre geste pour la planète  ?

L'écomobilité est mon cheval de bataille personnel. Je n’hésite pas à traverser l’Europe en train et en bus pour me rendre à un colloque (ex. Cardiff) ou en congés (ex. Monténégro). Je fais mes trajets quotidiens domicile travail en car et je teste les trajets les plus lointains avec les véhicules de service électriques mutualisés. Je suis le référent développement durable de mon unité, où nous avons appliqué la méthode INRAE de maîtrise des émissions carbone, StopGes, que je recommande ! Nous enchainons les projets pour adapter notre bâtiment au climat méditerranéen : murs végétaux, blanchiment de la toiture, pose de panneaux photovoltaïques pour l’autoconsommation.

Quelle est l’actualité scientifique de ces dernières années qui vous a le plus marqué ?

Les publications de Steffen et al. (2015) sur la grande accélération sous l’effet de l’anthropisation croissante  de la planète et la possibilité de  franchissement de seuils irréversibles pour le système terre (Steffen et al. 2018), ont pointé du doigt les  graves perturbations que cela engendrait pour les écosystèmes et la société, y compris l’atteinte des limites planétaires. Ces travaux m’ont fait prendre conscience de la question cruciale de l'épuisement rapide des ressources qui avait déjà été pointé par le rapport Meadows il y a plus de 50 ans et qui est resté trop méconnu. Cela pose la question de l’habilité de la planète et qui a fait naitre chez moi une certaine éco-anxiété, que compense à peine les pistes d’adaptation transformatives évoquées par des travaux comme ceux de Fedele et al. (2019).