La résilience des forêts, qu'est-ce que c'est ?

La « résilience » donne son nom au PEPR FORESTT : "Résilience des forêts". Ce concept complexe mérite donc quelques explications ! Partager ce que recouvre cette notion, pour mieux appréhender son rôle pivot dans l’ambition scientifique du programme FORESTT. Faisons le point ensemble !

La résilience est un concept complexe dépendant de différents facteurs, que nous pouvons résumer de la façon suivante. 

Prenons l’exemple d’un socio-écosystème (SES) forestier se trouvant dans un état initial, remplissant un ensemble de fonctionnalités socio-économiques (ex. production de matières première pour l’industrie, maintien de l’emploi dans un territoire, aménagement du territoire, espace de bien être) et environnementales (réservoir de biodiversité, services de régulation et de protection, séquestration du CO2).

Graphique n°1 Résilience

Survient alors une perturbation ponctuelle ou chronique d’une intensité plus ou moins forte (ex : une tempête, une canicule, un incendie, une attaque de ravageur, une maladie, une faillite d’entreprise…). 
L’écosystème peut alors résister sans être perturbé et ainsi maintenir son état initial en fournissant  l’ensemble de ses fonctionnalités : l’état 1.

Graphique n°2 Résilience

La résistance peut alors être définie comme la  capacité du socio-écosystème (SES) à maintenir ses fonctionnalités suite à cette perturbation.

Mais si survient une perturbation dont l’intensité est telle que le SES ne peut plus maintenir l’ensemble de ses fonctionnalités, en tout cas au même niveau que l’état initial, la réponse du SES se traduit par une dégradation, voire une perte, de certaines fonctionnalités. L’impact de cette perturbation dépend alors du degré de résistance du SES. Plus un SES est résistant, plus l’impact sur les fonctionnalités sera faible. Il s’agit là de la 1ère composante de la résilience.

Graphique n°3 Résilience

La notion de résilience implique une seconde composante : la capacité de récupération, consécutive à la réponse à la perturbation. En fonction de cette capacité de récupération, le SES retrouvera éventuellement son état de fonctionnalité initial, plus vraisemblablement un état dégradé :  l’état 2.

Graphique n°4 Résilience

La transition entre les états 1 et 2 implique une transformation (plus ou moins active : ex soutien par des politiques publiques) du SES concerné.

Dans certains cas, une perturbation peut survenir avec une intensité  ou une fréquence telle que l’ensemble des fonctionnalités du SES sont perdues.

Graphique n°6 Résilience

Dans d’autres situations, le SES peut faire preuve d’une capacité d’adaptation (atteindre l’état 3) face à la répétition de perturbations. La capacité d’adaptation peut alors être définie comme la différence de niveau en termes de degré de résistance, une notion qui fait écho à celle de vulnérabilité.

Graphique n°5 Résilience

Pour résumer, la résilience correspondant à la capacité d’un SES à absorber les perturbations (degré de résistance) et à se réorganiser (capacité de récupération) de manière à conserver tout ou partie de ses fonctionnalités.

Déterminants de la résilience

La biodiversité (diversité génétique, des espèces et des écosystèmes) est un moteur important de la résilience d’un écosystème. Elle fournit des solutions fondées sur la nature diversifiées pour s’adapter à un milieu de plus en plus perturbé. La gestion sylvicole peut favoriser ces solutions robustes.

Mais la résilience d’un socio-écosystème dépend aussi de la capacité d’anticipation et de réaction des gestionnaires et utilisateurs, qui peuvent avoir un impact sur le degré d’exposition, la sensibilité et la capacité à s’adapter du SES. De même la résilience des socio-écosystèmes met en jeu les modalités d’ajustement des activités et attentes des acteurs et usagers vis-à-vis des changements de configuration associées au passage d’un état à un autre. 

Ainsi, la résilience d’un SESF est déterminée par : 

  • La diversité des espèces, y-compris des micro-organismes,
  • La variabilité des génétiques des espèces, 
  • La diversité des habitats, ainsi que leur degré de connectivité
  • Les actions et les modes d’organisation des acteurs et usagers des socio-écosystèmes.

Avec l’accélération du changement climatique, les écosystèmes forestiers doivent faire face à une augmentation des perturbations dans leur fréquence, leur intensité et leur typologie. La résilience des forêts est donc mise à rude épreuve, impliquant une évolution importante de ces territoires et une mobilisation importante des acteurs et usagers. De puits de carbone, certaines forêts peuvent rapidement devenir émettrices et ainsi participer à l’emballement du phénomène.

Mieux comprendre la résilience des écosystèmes forestiers tempérés et tropicaux, à travers les différents projets financés dans le cadre du programme FORESTT permettra  de mieux appréhender et anticiper l'impact des changements globaux sur les SES forestiers.