Portrait de chercheur : Georges Kunstler, co-pilote du PC REGE-ADAPT

George Kunstler, co-pilote du projet ciblé REGE-ADAPT "Renouvellement forestier et adaptation des socio-écosystèmes forestiers au changement climatique".

 

Georges Kunstler

Quel est votre poste ?

Je suis Ingénieur De l'Agriculture et de l'Environnement (IDAE) à INRAE au Laboratoire EcoSystèmes et Sociétés En Montagne (LESSEM) Inrae Grenoble
Département ECODIV (Écologie des Forêts Méditerranéennes rattachée au Département Écologie et biodiversité)
Site web perso : https://kunstler.github.io/ 

Quelles sont vos thématiques de recherche ?

Mes recherches se situent à l'interface entre l'écologie des communautés végétales, les traits fonctionnels et la biogéographie. Je cherche à évaluer comment la réponse démographique des arbres aux contraintes climatiques et aux interactions biotiques peut expliquer leurs distributions à large échelle et les impacts du changement climatique. Depuis plusieurs années, je m'intéresse en particulier aux phases de régénération et à la fécondité des arbres en collaboration avec le professeur James Clark – Duke University. Mes travaux de terrain sont concentrés sur les forêts de montagnes. 

Dans quels comités êtes-vous impliqués ?

Je suis membre du copil de la Zone Atelier Alpes. Je suis impliqué dans le PPI Adaptation des forêts et des agro-forêts au changement climatique et membre du groupe de travail AURA Forêt et changement climatique. J’ai été impliqué dans la commission recherche du Labex OSUG de Grenoble (Responsable de l’axe « Comment concilier habitabilité et ressources limitées ? »).  J’ai été membre du conseil d'administration de la Société française d'écologie et d’évolution SFE2 pendant 8 ans.

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler sur la thématique des forêts ?

Mon intérêt pour les forêts est indissociable de mon intérêt pour la montagne. J’ai toujours été fasciné par les forêts de montagne, depuis les forêts du Haut-Doubs de mon enfance jusqu’aux forêts des Alpes en particulier à la limite supérieure forestière. Ces forêts avec leurs longues histoires de gestion irrégulière abritent une grande biodiversité et des mosaïques de milieux fermées et ouverts ouvrant des perspectives sur les sommets. J’ai donc naturellement fait des études pour devenir Ingénieur forestier à Nancy, et je me suis finalement orienté vers un parcours de recherche scientifique sur les écosystèmes forestiers.
Un moment clés dans mon parcours a été mon postdoc avec le professeur David Coomes (University of Cambridge) et mon travail dans le Parc National des Fiordland en Nouvelle Zélande. Cela m’a permis de connecter un travail de terrain dans des forêts préservées abritant des arbres millénaires avec la modélisation, l’écologie théorique, et la rigueur de l’écriture scientifique.

En tant que citoyen et/ou chercheur, quel est votre geste pour la planète ?

Depuis plusieurs années j’utilise exclusivement le vélo dans mes déplacement domicile-travail et j’essaye d’utiliser au maximum le train dans mes déplacements professionnel. Cependant mes trajets en vélo me semblent bien insignifiants face à l’ampleur du problème et aux multiples contradictions entre l’urgence de la situation et mes activités quotidiennes.

Quelle est l’actualité scientifique de ces dernières années qui vous a le plus marqué ?

J’ai été particulièrement intéressé par plusieurs travaux conduit dans le laboratoire de Jens-Christian Svenning. Ces travaux montrent l’importance de considérer que les écosystèmes forestiers sont loin d’être à un état d’équilibre et souligne l’importance de la relation faune végétation. En particulier la vision de la forêt tempérée européenne avant l’arrivé de l’homme comme un couvert continue et fermé est peut-être trompeuse. Elle était peut-être beaucoup plus ouverte avec de nombreuses espèces adaptées à la régénération dans ces milieux intermédiaires (Pearce et al. 2023 Science Advance). Par ailleurs, l’arrivé de l’homme et la défaunation induite a potentiellement conduit à une réduction drastique des capacités de dispersion des plantes et donc de leurs capacités à suivre le changement climatique (Fricke et al. 2022 Science). Ces travaux donnent une perspective nouvelle sur les stratégies de régénération des arbres.